Que reste-t-il des variables lourdes ?
Résumé
Les travaux pionniers de Lazarsfeld (1944) aux États-Unis, de Butler et Stokes en Grande-Bretagne (1969), de Michelat et Simon en France (1977), ont depuis longtemps mis en évidence deux variables « lourdes » de la sociologie électorale, la classe sociale et la religion. C'est sur une base de classe que se sont construits les partis politiques européens, les partis de gauche prenant en charge les revendications ouvrières et les partis de droite, celles des classes moyennes et supérieures (Lipset et Rokkan, 1967). Quant aux clivages confessionnels, l'étude comparative dirigée par Rose (1974) a montré qu'ils exerçaient une influence décisive sur les choix électoraux, supérieure à celle de la classe sociale dans cinq des douze démocraties étudiées, les électeurs les plus religieux se montrant systématiquement les plus conservateurs. Depuis le milieu des années soixante-dix toutefois, ce modèle « sociologique », mettant le vote en relation avec l'appartenance à des groupes (professionnel, résidentiel, confessionnel), semble perdre de son pouvoir explicatif. [Premier paragraphe]