La fierté d’être Français, de l’indépendance algérienne à Maastricht
Abstract
The article, based on three surveys conducted by the cevipof (1978, 1988, 1995) analyses the evolution of national pride in France, in the line of Michelat and Thomas's pioneor study (1962). If the feeling is widespread, it is more frequent among elderly people, sociallv and culturally underprivileged, church-goers and rightwingers and often goes with authoritarian, intolerant and traditionalist attitudes. Paradoxically, national pride is more often to be found among supporters of the rpr or of the movement of Philippe de Villiers than among the Front National voters, the most ethnocentric of all. Before Maastricht there seemed to be no contradiction between feelings of national pride and of European belonging. This is no more the case. In 1995 almost one third of the sample claims an exclusive belonging to the French nation. The feeling is more marked among women, young people and working-classes and cuts through the left/right cleavage, reaching its peak among communists and FN voters.
Résumé. — Prenant appui sur trois enquêtes du cevipof (1978, 1988, 1995), l'article analyse l'évolution du sentiment national en France, dans le prolongement des
travaux pionniers de Michelat et Thomas (1962). Si la fierté d'être Français est très
largement répandue, elle caractérise plus particulièrement les personnes âgées, les
plus démunies socialement et culturellement, les catholiques pratiquants, les électeurs de
droite, et va de pair avec des attitudes autoritaires, intolérantes et traditionalistes.
Paradoxalement cette fierté est plus l'apanage des proches du RPR ou du
mouvement de Philippe de Villiers que de ceux du Front national, pourtant les plus
ethnocentristes. Avant Maastricht, on ne notait pas de contradiction entre fierté natio
nale et sentiment d'appartenance à l'Europe. Ce n'est plus le cas. En 1995 presque
un tiers de l'échantillon se définit par son appartenance exclusive à la nation fran
çaise. Ce repli sur l'Hexagone touche plus particulièrement les femmes, les jeunes,
les milieux populaires et transcende le clivage gauche/droite, culminant chez les
communistes et au FN.