L'Europe en manque d'électeurs
Abstract
Le constat d’un déficit de votants à ces huitièmes élections européennes était
prévisible et attendu. En l’espace de trente-cinq années, la participation aux
élections européennes n’a cessé de reculer. Mobilisant plus de six électeurs sur
dix (61,9 %) en 1979, année de leur coup d’envoi, lorsque l’Union comptait
neuf pays, elle n’en compte plus que quatre sur dix en 2014 (43,1 %), dans
l’Europe à vingt-huit, enregistrant un recul de 18,8 points. Une fois de plus, ce
même constat s’impose et s’énonce comme une antienne depuis la fin des
années 90. D’élection en élection, un même scénario semble se répéter.
L’Europe est en manque d’électeurs. Cette atonie de la participation électorale
ne concerne pas seulement ces élections en charge d’organiser la représentation
politique au niveau supranational du Parlement européen. Elle est un
phénomène maintenant bien installé dans de nombreuses démocraties
européennes et s’inscrit dans un mouvement général marqué par des
transformations profondes du comportement électoral comme des usages de la
citoyenneté dans les sociétés contemporaines¹. Toutefois, lors des élections
européennes, l’abstention revêt une acuité singulière, faisant parler d’elle au
travers d’un déficit de votants inégalé lors d’autres types de scrutin. Par son
ampleur même, elle interroge la possibilité d’une Europe politique investie par
ses ressortissants et citoyens.
¹ Voir CAUTRÈS (Bruno) et MUXEL (Anne) (dir.), Comment les électeurs font-ils leur choix ? : le panel électoral français 2007, Paris, Presses de Sciences Po,
Académique, 2009, 392 p. [ISBN 978-2-7246-1107-6]
Et plus spécifiquement le chapitre 2 consacré au processus de la décision électorale.