Les horloges suspendues du futur - Sciences Po Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Cahiers du Monde russe Année : 2015

Les horloges suspendues du futur

Résumé

Time on hold: science fiction worlds in socialist Bulgaria and Romania
This article explores the socialist experiences of time in Bulgaria and Romania through the prism of literary science fiction, a genre inhabited with visions and wonders, which was also a site of discussion about the socialist presents. Envisioned through its producers, circulations, readership and amateur clubs, science fiction offers a vantage point on the interplay between political productions, literary thematizations and social experiences of time. The article also suggests the low relevance of East-West divisions in reconstructing the history of sensibilities and science or the debates over the planet’s future. The paper, however, shows that trans-bloc circulations of texts and knowledge followed different paths in Bulgaria and Romania; these routes were indeed shaped by the two countries’ respective ante-communist histories and different visions of the spatio-temporal direction of modernity. Beyond these contrasts, a survey of science fiction writings and publics suggests similar chronologies of socialist (dis)enchantment in both countries: to a rather confident projection into the future in the 1960s succeeded a generational, social and territorial diversification of visions of the present and future. However, the retreat to a distant nationalized past or an inaccessible future did not prevent science fiction clubs from providing, particularly in Bulgaria, a space for debate on a possibly reformed socialist future.
L’article propose une réflexion sur les temporalités socialistes en Bulgarie et en Roumanie à travers le prisme de la science-fiction, un genre habité de visions et de prodiges, qui fut aussi un support privilégié d’interrogation sur les présents socialistes. Étudiée à travers ses producteurs, ses circulations, ses lecteurs et ses clubs d’amateurs, la science-fiction permet en effet de retracer les croisements entre productions politiques, thématisations littéraires et expériences sociales du temps. Ce faisant, l’article suggère la faible pertinence de découpages Est-Ouest pour appréhender l’histoire des sensibilités, de la science ou les interrogations sur le devenir de la planète. Il montre toutefois aussi que les traversées Est-Ouest des textes et des savoirs empruntèrent d’un pays à l’autre des sentiers différents, tributaires des histoires ante communistes et de visions nationales contrastées de la direction spatio-temporelle de la modernité. Au-delà de ces divergences, les univers SF suggèrent des chronologies proches du (dés)enchantement socialiste : à une projection plutôt confiante dans les années 1960 succéda au cours des années 1980 un éclatement générationnel, social et territorial des visions du présent et de l’avenir. Le repli vers un lointain passé nationalisé ou un futur inaccessible n’empêcha cependant pas les clubs SF de fournir, particulièrement en Bulgarie, un espace de débats sur un futur socialiste réformé.

Dates et versions

hal-03399225 , version 1 (23-10-2021)

Identifiants

Citer

Nadège Ragaru, Antonela Capelle-Pogacean. Les horloges suspendues du futur : Les mondes de la science-fiction en Bulgarie et en Roumanie socialistes. Cahiers du Monde russe, 2015, 56 (1), pp.77 - 110. ⟨10.4000/monderusse.8167⟩. ⟨hal-03399225⟩
20 Consultations
0 Téléchargements

Altmetric

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More