Introduction. S’affranchir d’un événement qui fait date
Abstract
Les « Printemps arabes » se sont vite affirmés comme un
événement qui fait date. Que ce soit dans sa version tunisienne du
« 14 Janvier » ou dans sa variante marocaine du « 20 Février »,
l’année 2011 est devenue un point de repère à partir duquel le
débat politique se positionne, la réflexion intellectuelle
s’articule, la mémoire collective façonne ses cadres sociaux.
Tout comme d’autres avec la chute du mur de Berlin en 1989
ou l’arrivée du premier homme sur la lune en 1969, chacun
peut se demander : qu’étions-nous en train de faire en 2011, au
moment des Printemps arabes ? Répondre, en tant que
chercheur, à cette question exige de revenir sur les enjeux intellectuels
qui nous préoccupaient alors, et sur les terrains à partir
desquels nous réfléchissions et avons vécu cet événement :
Hamza Meddeb terminait sa thèse sur les logiques de la
domination par « le bas » et par « les marges », aussi bien territoriales
que légales ; Irene Bono entamait un nouveau projet sur
les processus qui, continuellement, façonnent et redéfinissent le
fait national au Maroc ; Béatrice Hibou et Mohamed Tozy se
trouvaient en plein coeur d’une recherche commune, de longue
haleine, sur l’articulation entre imaginaires de l’État (simultanément
national et impérial), pluralisation des lieux de pouvoir
et façons de gouverner dans ce même pays...