Préface
Abstract
Depuis l'étude pionnière de Paul Lazarsfeld sur Les chômeurs de Marienthal, les effets démoralisateurs de la privation d'emploi sont connus. Le chômage prolongé engendre une spirale délétère qui mêle résignation, apathie et désespoir. En décembre 1997 pourtant, pour la première fois depuis les marches de la faim des années trente, les chômeurs français sont descendus en nombre dans la rue. Pourquoi certains ont-ils pris part au mouvement, d'autres pas ? Telle est la question à laquelle ce livre tente de répondre, au terme d'un remarquable travail de terrain, à base d'observation participante et d'une trentaine d'entretiens approfondis avec des chômeurs de Paris, Arras et Marseille. Son originalité est double. Par rapport aux travaux existants, qui concluent à l'incapacité quasi-structurelle de cette population à se mobiliser, il inverse la perspective, en s'intéressant aux facteurs qui permettent aux chômeurs de surmonter leurs handicaps. Surtout, il éclaire le processus de l'engagement à la lumière du non-engagement, en comparant un échantillon de chômeurs mobilisés à un échantillon témoin de non-mobilisés. [Premier paragraphe]