Les Philippins, chez eux à l'étranger ?
Résumé
Les Philippines possèdent un statut unique en Asie. Les trois cent cinquante années de colonisation espagnole, de 1565 à 1898, qui ont précédé le demi-siècle de contrôle américain jusqu’à l’indépendance en 1946 ont transformé en un État-nation moderne un archipel de peuples et de langages hétéroclites sans aucune architecture politique et sociale à l’exception de Mindanao. Comme la ville-État de Singapour, les Philippines sont une création coloniale. Bien avant que le terme de mondialisation n’appartienne au langage commun, l’archipel était déjà un acteur de l’économie mondialisée, Manille étant depuis l’origine un port de commerce entre l’Amérique latine et la Chine. Comme partout en Asie du Sud-Est la colonisation a ouvert les portes à une importante immigration, venue principalement des zones côtières chinoises. Au xixe siècle, l’élite hispano-sino-malaise, issue d’un métissage culturel dominait le pays, grand exportateur de denrées agricoles. Au cours de la période américaine (1898-1946), cette élite économique est devenue politique. Elle gouverne aujourd’hui l’une des sociétés les plus inégalitaires d’Asie du Sud-Est.
Nous parlerons moins ici d’immigration vers les Philippines que d’émigration au départ des Philippines, que celle-ci soit temporaire ou permanente. L’analyse de l’émigration, sans doute plus encore que de l’immigration, doit se centrer sur les facteurs qui incitent au départ. Dans cette optique, l’étude du rôle des gouvernements successifs à l’égard de l’émigration se révèle cruciale.
Nous parlerons moins ici d’immigration vers les Philippines que d’émigration au départ des Philippines, que celle-ci soit temporaire ou permanente. L’analyse de l’émigration, sans doute plus encore que de l’immigration, doit se centrer sur les facteurs qui incitent au départ. Dans cette optique, l’étude du rôle des gouvernements successifs à l’égard de l’émigration se révèle cruciale.