Des sciences de l'Etat à la synthèse culturelle (1760-1922)
Résumé
Les genres de l’histoire universelle et de la philosophie de l’histoire sont abordés ici dans le contexte idéologique et politique de leur émergence allemande. Trois moments sont distingués : le moment « pragmatiste » des sciences de l’État, partagées entre sciences a priori et sciences a posteriori ; le moment de la « religion de l’histoire », identifié à la vision droyséenne de l’histoire comme savoir spécifique et comme processus concret ; le « moment Troeltsch », du nom du théoricien allemand qui tenta, dans les années 1920, de combiner une philosophie « formelle » de l’histoire et une philosophie « matérielle » du devenir humain. Le premier moment voit l’origine des sciences sociales, mais sans la démocratie ni la philosophie de l’histoire telle que le kantisme va la promouvoir. Le second moment correspond à un historisme réflexif ouvrant la voie à la distinction entre sciences « idiographiques » et « nomothétiques » ainsi qu’à l’épistémologie rickertienne des « sciences de la culture », matrice logique du wébérianisme. Le troisième, enfin, représente le programme non réalisé de « synthèse historique » à la Troeltsch, quelque peu seul en lice dans sa tentative de refonder au centre, via l’histoire, la culture politique allemande sous la République de Weimar.