L’électeur français en questions
Abstract
Alors que se multiplient les articles et les ouvrages dénonçant l'apathie des électeurs, le déclin des idéologies, la crise du politique, il n'est pas inutile de rappeler qu'il y a trente ans exactement un débat similaire agitait les Français. La "dépolitisation" était dans l'air du temps et l'Association française de science politique y consacrait une table ronde. Les observateurs se fondaient sur les mêmes symptômes
qu'aujourd'hui, recul de la participation électorale, chute
d'audience des partis politiques, poussée de l'extrême droite.
Ils attribuaient au phénomène les mêmes causes, "élévation
du niveau de vie et embourgeoisement des classes les moins
favorisées fuyant désormais la politique pour les loisirs et un
relatif confort; découragement des citoyens devant la
technicité croissante des problèmes jadis politiques; tendance
à la personnalisation du pouvoir qui réduit la participation
politique à une manifestation de confiance envers un homme
et acquise une fois pour toutes". Ils incriminaient déjà
l'influence des mass-media, la multiplication des sondages
d'opinion. Et déjà les thèmes du repli du citoyen sur la
sphère privée et familiale et du "retour au local" faisaient
fortune. [Premier paragraphe]