Entre fascisme et République : gouverner l’Italie
Abstract
« Gouverner les Italiens n’est pas difficile, c’est impossible. » Par son caractère apocryphe et récurrent, cette réflexion, dont l’origine fut attribuée, selon les circonstances à Giovanni Giolitti, à l’historien et homme politique antifasciste Gaetano Salvemini, à Benito Mussolini ou plus récemment encore à Silvio Berlusconi, invite à réfléchir sur ce qui a souvent été donné comme une évidence dans le débat public et dans de nombreux travaux d’histoire et de sciences sociales en Italie comme à l’étranger : la difficulté structurelle, ou supposée telle, pour ce pays, quel que soit le régime politique en vigueur, à trouver un mode de gouvernement efficace et stable. Une évidence que viendraient conforter les nombreux néologismes que recèle la langue italienne– « malgoverno », « sgoverno », « sottogoverno » – et les crises politiques successives qui affectèrent depuis la formation de l’État-nation, l’Italie libérale puis républicaine. Tout se passe comme si le passé glorieux d’un « bon gouvernement », figuré par les fameuses fresques de Lorenzetti du Palazzo Pubblico à Sienne, demeurait un idéal inaccessible à l’époque contemporaine.