Penser l’époque post-progressiste - 1
Abstract
Depuis les années 1970, on dénonce le « mythe du progrès », on s’indigne devant les « dégâts du progrès », on met en accusation le « progrès meurtrier », on annonce la « fin du progrès ». Le diagnostic d’une « crise du progrès » n’est pas nouveau : en 1936, le sociologue Georges Friedmann lui avait consacré une étude critique d’une grande acuité. Elle s’est doublée, depuis les années 1970, d’une « crise de l’avenir ». En 1998, l’historien Marc Ferro s’interrogeait sur les « sociétés malades du progrès ». Mais, depuis près de trois décennies, les jurés du grand procès fait au progrès ont rendu leur verdict : la mort. Certains polémistes s’en félicitent, persuadés que le progrès est porteur de maux inédits dans l’histoire, qu’il produit des souffrances sociales nouvelles, voire des catastrophes de divers ordres jusqu’alors imprévisibles. Et d’évoquer le changement climatique, la destruction de la biodiversité et l’épuisement des ressources naturelles. Tous veulent en finir avec le progrès, qu’ils le croient agonisant ou agissant toujours comme une machine folle et dévastatrice. [Premier paragraphe]