Profiler pour mieux apparier : activité des sites internet et transformation des offres d'emploi
Résumé
Profitant, depuis la fin des années 1990, de l’essor des usages économiques et sociaux liés aux nouvelles technologies, internet tend à s’imposer comme un nouveau canal de mise en relation des offreurs et des demandeurs de travail. Les sites spécialisés dans cette activité ont connu un succès rapide et durable, diversifiant leurs prestations et les emplois proposés (il s’agissait au départ essentiellement de postes de cadres ou d’informaticiens). Ainsi semble s’amorcer une « migration » du marché du travail vers internet. Les analyses menées en termes de coûts de transaction mettent en évidence les avantages qui devraient résulter de cette migration. La baisse des coûts, opérée grâce au nouveau media, devrait s’accompagner d’une réduction des frictions sur le marché du travail (Autor, 2001 ; Kuhn, 2003). Elle permettrait tout à la fois d’alléger les procédures de recrutement (grâce à leur automatisation), de faciliter l’accès aux offres d’emploi pour les candidats et d’améliorer la qualité des appariements. Ces nouvelles performances devant se traduire au niveau macro-économique par une diminution du chômage frictionnel, certains auteurs en viennent à remettre en question le rôle du service public de l’emploi (Koning et Mosley, 2002). Toute tentative de régulation externe serait en fait vouée à l’échec et ne pourrait qu’entraver l’évolution du marché et sa flexibilité « naturelle ». Finalement, cette flexibilité et la capacité des marchés à s’auto-organiser grâce aux nouvelles technologies (Kuhn, 2000) profiteraient conjointement aux entreprises et aux candidats : les uns et les autres ayant l’opportunité de se comporter de façon plus rationnelle et d’optimiser leurs choix. [premier paragraphe]