À l’origine de la dynamique des professions. Interdépendance ou interactions ?
Abstract
Si Abbott a mis les relations entre professions au cœur de l’analyse de leur dynamique, paradoxalement, sa théorie accorde peu de place aux relations concrètes entre professionnels. Les professions sont liées parce qu’elles luttent pour le contrôle d’une même activité, et non l’une avec l’autre, ou l’une contre l’autre. Si un groupe établit une nouvelle juridiction, c’est qu’un autre en a perdu le contrôle et qu’un troisième peut prétendre à l’obtention de la juridiction vacante. Le chapitre montre que cette interdépendance ne suffit pas à expliquer tous les aspects de la dynamique des professions, en s’appuyant essentiellement sur des enquêtes menées à propos des professionnels de la conservation du patrimoine en France et à l’étranger : les conservateurs de musée, les restaurateurs d’œuvres d’art, les régisseurs s’occupant du transport des œuvres, ou encore les scientifiques de laboratoire étudiant les œuvres. Dans un second temps, il esquisse les bases d’une théorie interactionnelle des professions en étudiant le rôle de trois familles d’interactions, selon qu’elles s’exercent entre professionnels sur le lieu de travail, entre professionnels et clients dans le cours de l’intervention, ou entre professionnels hors du lieu de travail, dans le cadre de conférences ou de réunions dans lesquelles il est question de la division du travail et de l’avenir de la profession.