Les intérêts privés et la construction européenne
Abstract
Dès les débuts de l’intégration européenne, les groupes d’intérêt, plutôt que les mouvements sociaux, ont été au centre de l’attention. On a longtemps espéré que l’Europe politique pourrait être tirée par l’Europe économique, pour reprendre les termes de Jean Meynaud et Dusan Sidjanski, et entraîner d’autres acteurs dans ce mouvement. Les « solidarités de fait », évoquées dans la déclaration Schuman du 9 mai 1950, impliquaient en effet un lien dédramatisé et pragmatique au politique, facilitant une « réorientation des loyautés », suivant la terminologie des travaux néofonctionnalistes. Après des décennies d’indifférence, depuis l’Acte unique et, surtout, le traité de Maastricht, l’opinion publique s’est de plus en plus intéressée à l’Europe, . Le projet de monnaie unique a suscité des réactions et des peurs jusque-là inconnues dans le contexte de l’intégration européenne. Les groupes d’intérêt sont ainsi devenus l’une
des cibles des critiques de la construction européenne. Les souverainistes et l’extrême gauche, en France comme ailleurs, firent alors des « lobbys de Bruxelles » l’une de leurs cibles privilégiées. [Premier paragraphe]