Interroger les femmes et les hommes sur les violences subies en France et aux États-Unis : entre mesures statistiques et interprétations sociologiques
Résumé
In the mid-1990s in North America, a 20-year-old debate was reopened between Murray A. Straus and Michael P. Johnson on the issue of « gender symmetry » in the area of physical violence between intimate partners. Do women use physical violence as much as men ? Is there « gender symmetry » in the recourse to physical violence ? Since then, several statistical surveys have also been conducted in Europe that increasingly question women and men about the violent acts they report being subjected to. This article confronts the American sources with some recent French statistical surveys to compare results, their interpretation and the methods used to produce them. It concludes that there is a distinct asymmetry in the use of violence between men and women in intimate partnerships.
Au milieu des années 1990 en Amérique du Nord, un débat né vingt ans plus tôt reprenait de la vigueur entre Murray A. Straus et Michael P. Johnson, à propos du caractère symétrique ou non de l’usage de la violence physique dans le couple. Les femmes useraient-elles autant que les hommes de la violence physique ? Existerait-il une « symétrie de genre » dans le recours à la violence physique ? Depuis lors, des enquêtes statistiques se sont développées en Europe, qui permettent de plus en plus systématiquement de recueillir et de comparer les déclarations des femmes et des hommes quant aux violences qu’elles et ils subissent. Cet article propose de confronter les résultats d’enquêtes françaises récentes aux sources états-uniennes, du point de vue des résultats eux-mêmes, de leur interprétation et surtout des méthodes utilisées pour recueillir l’expérience des violences auprès des enquêté·e·s. Il conclut à une asymétrie des usages de la violence dans le couple.