Des empires aux objets : la fabrique des consommateurs
Abstract
Important ouvrage de synthèse et de recherche sur l’histoire de la consommation, le dernier ouvrage de Frank Trentmann est à la fois révélateur de la carrière de l’auteur et de l’évolution d’un champ de recherche. Chercheur polyglotte – d’origine allemande, il a étudié en Allemagne, en Grande-Bretagne, aux États-Unis, et enseigne à présent à Birkbeck College (université de Londres), après avoir séjourné à l’Institut universitaire européen de Florence, dans des universités allemandes ou suisses, ou encore avoir été invité à l’École des hautes études en sciences sociales – il avait centré son précédent livre sur un objet précis : la défense du libre commerce dans la Grande-Bretagne du XIXe siècle. Il y analysait des militants, défenseurs du free trade, plus que des consommateurs. Dans Empire of Things, qui s’ajoute à une quinzaine d’ouvrages dirigés ou co-dirigés, F. Trentmann élargit son approche de diverses manières. Consacrant plusieurs chapitres à la période moderne et à d’autres espaces, notamment l’Asie, il s’intéresse plus directement aux consommateurs et à leurs pratiques. Cette évolution nous semble représentative de l’historiographie de la consommation aujourd’hui. Il est impossible de résumer cette fresque de plus de 800 pages, articulée en deux parties, l’une chronologique, qui va de l’époque moderne à l’époque contemporaine, et l’autre thématique, qui passe en revue une grande diversité de sujets contemporains replacés dans une longue durée – du crédit à la consommation équitable, du gaspillage à la consommation des seniors. La dimension encyclopédique de l’ouvrage, qui entend rendre compte de trente années de travaux, rend tout résumé illusoire. On voudrait plus modestement insister ici sur trois points qui paraissent centraux pour comprendre l’enjeu de l’ouvrage : l’élargissement de l’histoire de la consommation, l’étude des pratiques de consommation, l’insistance sur les circulations. [premier paragraphe]
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