Compte rendu de l'ouvrage "La construction du «talent». Sociologie de la domination des coureurs marocains de M. Schotté."
Abstract
Le titre de ce livre sonne comme un programme sociologique typique, et ambitieux aussi : étendre le territoire de la discipline en annexant un phénomène qui habituellement est renvoyé à d’autres registres d’explication. En effet l’excellence sportive, plus encore que la virtuosité artis-tique, se prête a priori mal à une analyse sociologique, surtout quand elle prend la forme, comme c’est le cas ici avec la course de fond et de demi-fond, d’une performance chronométrique. Si un athlète court plus vite que ses concurrents, n’est-ce pas parce qu’il possède des dons supérieurs, un patrimoine génétique favorable, un talent inné ? N’est-ce pas une sélection fondée sur la concur-rence pure et parfaite qui fait émerger les champions sportifs, opère un triméritocratique parmi les pratiquants, consacre les meilleurs ? Parce qu’elles essentialisent le talent, ces propositions ne sauraient satisfaire le sociologue, attaché à expliquer par le social les objets qu’il se donne. Mais comment « montrer que le succès est fac¸onné par le social » (p. 10) ? [Premier paragraphe]
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