La décentralisation de la Ve République : héritage départemental versus villes et régions
Abstract
La Vème République a d'abord permis le triomphe de l'Etat centralisateur (dans les limites du jacobinisme apprivoisé) pendant les années 1960. La mobilisation de l'Etat pour moderniser l'économie et la société française initiée par le régime gaulliste s'est accompagnée d'un fort mouvement de centralisation et d'investissements sur les territoires. Elle a été suivie d'une lente montée en puissance mais continue des différents niveaux de collectivités locales. Le général de Gaulle se méfiait des partis politiques et des intérêts locaux. Ils ont finalement conquis le régime politique de la Vème dans une version présidentialisée. Cette dynamique de concurrence entre niveaux de gouvernement puissamment organisés au sein du Parlement est l'une des clés de la dynamique de décentralisation continue observée depuis le milieu des années 1960. La lente montée en puissance des régions et des villes constitue l'un des retournements les plus spectaculaires des 50 années de la Vème République. L'organisation de la République et la mise en œuvre de l'action publique sont décentralisées. Cependant, le compromis dynamique entre le maintien d'un vieux système hérité (commune, département, Sénat) et du nouveau système (structures intercommunales notamment les agglomérations, et régions) paraît de plus en plus anachronique pour des raisons d'efficacité, d'efficience et d'effectivité de l'action publique.