Une approche économique du nouveau soft power japonais. Pourquoi aimons-nous le manga ? - Sciences Po Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Mode de recherche Année : 2013

Une approche économique du nouveau soft power japonais. Pourquoi aimons-nous le manga ?

Résumé

La France est aujourd'hui, avec la Corée du Sud, le plus important marché d'exportation du manga. Partant de rien avec la traduction d'Akira, d'Ôtomo Katsuhiro, en 1990-1991, le manga a conquis en quinze ans 38 % du marché de la bande dessinée dans l'Hexagone. Au 31 décembre 2005, 628 titres de manga, réalisés par 231 auteurs différents, avaient été traduits en français1 et il se publiait chaque mois plusieurs dizaines de nouveaux volume. Ce succès du manga à l'exportation peut intriguer, dans la mesure où ce produit s'enracine dans un contexte culturel et historique extrêmement spécifique - pour simplifier : l'expérience unique du cataclysme atomique et les traumatismes infligés à la société japonaise par une modernisation à marche forcée sous la pression de contraintes externes. Il émane d'un pays dont le rayonnement culturel international a longtemps été limité, et rompt avec tout ce que ce pays exportait auparavant dans ce domaine. Les biens culturels japonais qui ont eu du succès en Occident depuis la fin du XIXe siècle relevaient pour l'essentiel de la high culture et d'une esthétique fondée sur des valeurs d'équilibre, de raffinement et de spiritualité. À l'opposé, le manga est une forme de culture populaire fondée principalement - du moins pour les séries qui ont connu jusqu'ici le plus de succès à l'étranger - sur des formes d'excès, de confrontation et de plaisir sensuel. Pourtant, le manga est devenu un produit culturel global. Il y a là un paradoxe qui mérite réflexion. Cet article l'aborde sous l'angle économique. Il part de l'analyse des avantages comparatifs du manga sur le plan du mode de production face à ses concurrents directs - les comics américains et la BD franco-japonaise. Puis il analyse la niche que le manga occupe sur le marché des biens culturels - celle des " produits de plaisir pur ". Ces produits apparaissent comme des " formes vides " que le consommateur investit de sens à son gré. Nous nous interrogerons donc sur la capacité du manga à être, mieux que d'autres produits culturels, chargé de sens par les consommateurs contemporains. Enfin, nous examinerons ce que le Japon peut tirer de la diffusion du manga et de la culture qui lui associée, en termes d'influence auprès de l'opinion française.
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Dates et versions

hal-01024805 , version 1 (29-09-2014)

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Citer

Jean-Marie Bouissou. Une approche économique du nouveau soft power japonais. Pourquoi aimons-nous le manga ?. Mode de recherche, 2013, 19, pp.12-20. ⟨hal-01024805⟩
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