Etre rom en Bulgarie : les dangers d'une essentialisation des différences
Abstract
Dans les imaginaires sociaux, les Roms relèvent tour à tour d'une vision exotisante et de l'ostracisme. Qu'il s'agisse de louer une authenticité parée des atours musicaux de la liberté bohémienne ou de stigmatiser les moeurs spécifiques d'un groupe à qui est prêté une " mobilité ontologique " (H. Asséo), l'on n'est jamais très loin d'une essentialisation de l'altérité qui procède par un double lissage : lissage du temps, d'abord, elle enferme les Roms dans une figuration contrainte de la marginalité ou de l'errance, incapable d'éclairer les constructions changeantes de leurs identifications et de leurs modes d'insertion économique et sociale. Le lissage est social et culturel ensuite, le regard extérieur homogénéisant des populations aux mosaïques identitaires complexes dont les trajectoires sociales ne se limitent pas au seul déclassement. Si l'on souhaite se départir d'une lecture réifiante des enjeux roms en Bulgarie, il convient dès lors de contextualiser les mutations sociopolitiques intervenues depuis 1989. L'accentuation de la marginalisation des Roms n'y exclut pas l'existence de stratégies de survie actives, notamment à travers les migrations, pas plus qu'elle ne saurait dissimuler l'approfondissement des disparités internes aux communautés roms. Le second constat, préoccupant, est le durcissement des clivages entre Roms et non-Roms sous les effets croisés de processus locaux, nationaux et internationaux. Cette polarisation accentuée participe notamment d'une entreprise de réaffirmation des hiérarchies ethnoculturelles de la part de membres de la société majoritaire eux-mêmes précarisés.
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Political science
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