Ambitions et frilosités allemandes
Abstract
Si la réunification de l'Allemagne suscita l'enthousiasme de l'opinion française en particulier, les élites, les générations plus âgées notamment, ne cachèrent pas leur crainte de voir une Allemagne réunifiée, avec Berlin pour capitale, se recentrer au coeur de l'Europe et nourrir des rêves de puissance. Les Cassandre évoquèrent le poids économique et démographique de l'Allemagne réunifiée. Le mot même de réunification, employé partout sauf en Allemagne, réveillait des échos bismarckiens. En Allemagne pourtant, on parla d'unification - précisément pour se démarquer du passé. On ne s'autorisa que progressivement à penser l'Allemagne réunifiée - c'est en 1999 qu'un chancelier parle, pour la première fois depuis cinquante ans, de puissance allemande et se réclame d'intérêts nationaux. Le message toutefois est en trompe l'oeil. Evoquer, en ces premières années du vingt-et-unième siècle, la puissance allemande alors que la démographie implose et que le PNB du pays dépend, pour presque la moitié, de ses exportations, c'est faire l'économie d'une réflexion sur le poids et le rôle de ce pays en Europe et dans le monde, sur ses ressources et ses faiblesses et, plus encore, sur les spécificités de sa culture politique modelée par la défaite et l'après-guerre et par l'absorption de 17 millions d'Allemands de l'Est (...).
Domains
Political science
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