Elections, légitimité politique et stabilité dans les Balkans
Abstract
Depuis plus d'une décennie, la communauté internationale semble avoir placé ses espoirs de stabilisation politique en Europe du Sud-Est dans l'organisation, sous supervision internationale, de scrutins électoraux. Au fil des années, ces consultations électorales mobilisent cependant un nombre décroissant d'électeurs. Maints arguments ont été avancés pour expliquer les taux d'abstention élevés, les désillusions devant des réformes au coût social élevé, les pratiques clientélaires des élites partisanes, voire la trop grande fréquence des appels à l'arbitrage populaire. Par-delà ces constats, nul n'a, semble-t-il, songé à interroger l'un des principaux postulats des politiques d'aide à la démocratisation à l'Est, à savoir l'assimilation du vote à une " potion " démocratique censée lier les citoyens à leurs élus dans l'acte même de la délégation d'autorité et, partant, favoriser l'adhésion populaire à la démocratie. Il y a pourtant bien crise du vote, aujourd'hui, dans sa capacité à conférer aux élites politiques mandat et légitimité. Partiellement disqualifiés, dans les régions sous administration internationale, par une externalisation de la décision vers les responsables de la communauté internationale, les gouvernants sont également fragilisés par leur incapacité, en période d'austérité macroéconomique, à proposer à leur électorat des projets politiques porteurs de dividendes sociaux. Les années 1990 ont donc vu les alternances se multiplier sans que les électeurs aient le sentiment de disposer d'alternatives. Dès lors, le miracle de la conversion, par l'élection, des préférences individuelles en choix collectifs favorisant l'allégeance aux systèmes établis n'opère plus. La réitération des procédures électorales, simple traitement comportemental, ne suffira pas à résoudre le problème.
Domains
Political science
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